Dans la série des symptômes en "out", après le "burn out" ou le "bore out", voici le "brown out". Cette pathologie "par défaut" est liée non à un excès de tâches à accomplir (burn out), mais à une absence : celle du sens au travail. Dans un ouvrage paru ce mois-ci*, le docteur François Baumann, médecin spécialiste de la souffrance au travail, partage ses observations et livre des conseils aux salariés, mais aussi à leurs managers.

En quoi consiste le "brown out" ?

Ce terme anglo-saxon, qui signifie littéralement "baisse de courant", se manifeste par un épuisementphysique et psychique entraînant des pathologies plus ou moins sévères.Même si on en parle un peu plus qu'avant, il reste peu étudié en France alors que le phénomène est traité par des chercheurs américains depuis une dizaine d’années. Il est évoqué, entre autres, dans l'ouvrage "Bullshit jobs" de David Graeber, qui décrit des salariés éprouvant un désintérêt croissant pour leur travail.En tout état de cause, ces collaborateurs sont lassés de leur métier et n’en voient plus le sens. Un phénomène qui ne date pas d’hier puisqu’en son temps le sociologue Emile Durkheim parlait déjà de perte des repères et de la norme, d’usure du temps...

Quels en sont les symptômes ?

Ils sont voisins de ceux de la dépression et se caractérisent par de la tristesse, des insomnies, de lacolère ou encore des pleurs sans raison.

Existe-t-il des populations "à risque" ?

Les salariés effectuant des postes à faible valeur ajoutée sont en première ligne, même si les professions intellectuelles ne sont pas à l'abri. Le phénomène n’a pas d’âge puisqu’il touche des individus de différentes générations, lassés de leurs études ou leur métier... Pour s'en prémunir, certains compensent paradoxalement par un excès de travail, au risque de faire un burn out. D'autres se détachent progressivement de leur fonction.

Comment remotiver ces personnes ?

S’il existe des solutions pour le burn out, le brown out est plus complexe à traiter. Au-delà dumanagement ludique - installation d’espaces de repos ou de jeux, pas forcément efficaces dans ce cas -, il est conseillé de déconnecter les individus de leur intellect en les impliquant au niveau physique, par des activités sportives.De plus, il faut à tout prix éviter de laisser ces salariés s’isoler, au risque de les voir développer despathologies plus graves.Le changement de service ou de poste est bien entendu une piste à explorer... Sans oublier de questionner l’environnement social et affectif du sujet, le brown out pouvant être plurifactoriel.

Quel rôle peuvent jouer les RH ?

Le rôle des RH est d'essayer de détecter les signes avant coureurs de la lassitude du collaborateur et faire appel à la reconnaissance pour redynamiser le salarié, donner du sens à sa fonction. Un collaborateur peu reconnu, qui effectue un travail anonyme et répétitif, aura vite fait de se démotiver.Au professionnel RH de pointer les risques et d’associer créativité, autonomie et variété dans les métiers les plus exposés. Un challenge de taille, surtout pour les petites structures. On peut, par exemple, organiser des groupes de parole, des entretiens personnels et adapter certains postes grâce à la formation. Objectif : ne pas laisser s’endormir les esprits.

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